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Le 119e RI dans la grande guerre

27 octobre 2019

Les combats du 28 - 29 octobre 1914 : vers la guerre des tranchées ?

Au lendemain de la victoire de la bataille de la Marne le 119e RI (qui n’a pas combattu lors des journées précédentes) se retrouve au contact des armées allemandes qui reculent. Après de durs combats, le front de la 5e Armée se stabilise au dans une zone allant de Berry-au-Bac à Reims. Le canal de la Marne à l’Aisne constitue une ligne de séparation entre les deux armées et les combats pour tenir les ponts sont féroces. Dans le secteur de la 6e DI, les écluses de Loivre et Sapigneul sont ardemment disputées ainsi que le pont du Godat. C’est d’ailleurs en repoussant plusieurs contres attaques entre le 15 et le 25 septembre 1914 que le 5e RI (qui compose la 12e Brigade avec le 119e RI) perdra trois lieutenants-colonels.

 

Monument dans le cimetière de Cauroy

Détails du monument dans le cimetière de Cauroy

Le 25 septembre 1914, le 119e RI repousse une importante attaque Allemande ayant pour but le pont du Godat. Leur tentative est d’attaquer le secteur du Godat de front et, en même temps, essayer de le contourner pour prendre les défenses françaises à revers. Pour cela les Allemands effectuent une attaque sur Villers-Franqueux (tenu par le 28e RI) et attaquent ensuite les défenses du 119e RI au niveau de la ferme du Luxembourg. L’attaque allemande est repoussée mais  le régiment perd un de ces chefs de bataillon, le commandant Louis Chavatte.

Chavatte Louis

Des troupes Allemandes resteront infiltrées sur la rive française du canal et plusieurs tentatives pour les repousser resteront vaines.

Vue du canal prise depuis l'écluse du Gaudart.

Au environ du 15 octobre 1914, la 10e compagnie du lieutenant Alexandre Vié effectuera une tentative de traversée du canal au nord des bois du Luxembourg. Les troupes resteront trois jours face à face, se guettant mutuellement et s’échangeant des pétards de Mélinite. À l'issue de ces combats, les troupes françaises ne parviendront pas à installer une passerelle sur le canal.

 

Carte des combats du 119e RI octobre 1914

Le 28 Octobre 1914

Le 28 octobre 1914, le temps est pluvieux et  l’artillerie allemande canonne violement les bois du Luxembourg durant toute la journée (et plus particulièrement les tranchées Cadiot et Villecourt) ainsi que la zone comprise entre ces bois et le canal en face du « Fort Chabrol ».

Vers 18 heures, sous l’effet de cette canonnade, les troupes de la 9e compagnie occupant la tranchée Villecourt reculent. Ce mouvement est signalé au commandant du secteur (Lieutenant Roussel commandant le 3e bataillon ainsi que la 11e Cie). Le lieutenant Vié de la 10e compagnie, s’y porte personnellement et en confie la garde à un détachement sous les ordres de l’aspirant Masson-Forestier. Retournant à sa compagnie face Est du bois rectangulaire, il trouve le bois triangulaire violement attaqué par l’infanterie allemande qui a passé le canal sur l’écluse de Loivre. Prévenu de ce repli, le lieutenant-colonel Armand, commandant le régiment, envoie une compagnie (la 1re compagnie, lieutenant Bonjean) du 1er bataillon alors en réserve à la ferme du Luxembourg renforcer la position française à la corne Nord du bois avec mission « d’en chasser l’ennemi » avec le 3e bataillon. Il ordonne en même temps aux trois autres compagnies du 1er bataillon de se porter à la mare Ouest du Luxembourg ou le poste de commandement est installé.

Vers 18h30, les tranchées, très éprouvées suite aux bombardements de la journée, sont abandonnées malgré une défense au corps à corps (baïonnette et couteau).

L’attaque Allemande se concentre alors sur les tranchées du bois rectangulaire.  Les assaillants les attaquent à l’aide de grenades et de cartouches de dynamite. Fortement attaquées, les 10e et 11e compagnies se défendent et, repoussent  par deux fois, à la baïonnette, l’adversaire.
Durand cette période, le 5e RI est mis en alerte.

Vers 19 heures, une colonne allemande venant de Loivre attaque le bois sur son flanc gauche. Le 119e RI contre attaque une nouvelle fois à la baïonnette et parvient à contenir un moment l’ennemi. Le surnombre ennemi poussera alors  le 3e bataillon du 119e RI à abandonner « un peu précipitamment » le bois.  La 10e compagnie restera la dernière dans le bois pour maintenir l’adversaire et ne le quittera que vers 20 heures. La 10e compagnie se repliera alors à environ 150 mètres de la lisière ouest du bois.

Vue du chemin parcouru par la compagnie de réserve du 2e bataillon pour attaquer le bois. Le ruisseau se trouve à gauche, près de l'arbre. Quelques mois plus tard Roland Dorgelès, alors mitrailleur au 39e RI, se retrouvera dans le même secteur.

Prévenu des progrès ennemis, le lieutenant-colonel lance immédiatement deux compagnies sur les bois du Luxembourg par son saillant Nord-Ouest gardant seulement une demi-compagnie en réserve. Le but de cette manœuvre étant de contre attaquer violement l’ennemi avant qu’il ait eu le temps de s’organiser dans les bois. De plus le 3e bataillon qui vient d’évacuer les bois reçoit l’ordre de se reporter à l’attaque sur le côté Ouest du bois et la compagnie de réserve du 2e bataillon reçoit quand à elle l’ordre d’attaquer le bois par le Sud près du ruisseau.

Suite à ces deux replis successifs, le général commandant le 119e RI fait appel à un bataillon de renfort. De plus l’artillerie française bat la lisière Nord des bois ainsi que le bord du canal.

À 19 heures, les quatre compagnies du 2e bataillon du 5e RI (capitaine Sigaud commandant le 2e bataillon) sont envoyées en renfort au 119e RI.À 20 heures, les compagnies du 5e RI arrivent en renfort.

À 20h20, les compagnies du 5e RI partent au combat, deux compagnies sur la face Nord Ouest, une compagnie sur la face Sud-ouest.
Le dispositif d’attaque est alors le suivant :
                - au centre et sur l’ouest : reste du 3e bataillon, c'est-à-dire deux compagnie (10e, lieutenant Vié et 11e, lieutenant Roussel) solidement et vigoureusement « commandées » ;
                - sur le flanc nord ouest : trois compagnies du 119e RI appuyées par deux compagnies du 5e RI ;
                - sur le flanc sud ouest : une compagnie du 5e RI (la 8e compagnie), la compagnie du 119e RI n’ayant pas été saisie par son ordre de participer à cette attaque ;
                - une compagnie du 5e RI en réserve.

À 22 heures, pendant que les soldats situés sur les ailes avancent aisément et  que le centre avance plus péniblement, la compagnie du 5e RI attaquant au sud du ruisseau se replie en hâte au Luxembourg,  suite à un défaut de liaison avec le 119e RI. Le lieutenant-colonel décide alors de la reporter en avant au moyen d’une section  du 5e RI prise sur la compagnie de réserve en attendant un nouveau renfort du 5e RI.

Vers 22h30, le mouvement en avant recommence mais des comptes rendus signalent  la lenteur de l’avance sur tout le front.

À 23 heures,  Le lieutenant-colonel Arnaud renforce cette compagnie en demandant une compagnie du 5e RI en renfort au commandement de Cauroy (commandant Picard). La 3e compagnie est envoyée en renfort.

Le 29 octobre 1914

À minuit, le colonel prescrit « de rentrer à la baïonnette dans les bois ». Objectif : rejeter les Allemands et pousser jusqu’au canal. Un nouvel effort  de la gauche, notamment de la 3e compagnie (sous-lieutenant Guillemet) rapproche alors le 119e RI des bois.

À 1 heure, le général commandant la 12e brigade ordonne au 5e RI d’envoyer une compagnie supplémentaire en soutien au 119e RI. Cette compagnie restera en soutien à la mare, près du moulin de Cauroy.

À 2 heures, à l’arrivée de cette compagnie, le lieutenant-colonel Arnaud fait exécuter un nouveau mouvement en avant. Il prescrit de pousser plus activement l’attaque. Le commandement de l’attaque sur la lisière Ouest revient au capitaine Molinier du 5e RI. Une  section  du 5e RI est gardée en réserve

À 3h30, le Général commandant la 12e brigade, demande au 119e RI d’essayer encore de s’emparer du bois par coup de force. En cas de nouvelle échec, ordre est donné au 119e RI de protéger son repli et de se fortifier sur la RN 44.

À 4 heures, le colonel attend le résultat de l’attaque lorsqu’un coup de téléphone du capitaine Molinier l’informe  que les hommes, même brutalisés ne se levaient plus pour l’attaque et qu’il était impossible de les pousser en avant. Ce renseignement étant confirmé par le commandant Siau. La 10e compagnie fait partie de ces compagnies éprouvées.
Voyant d’une part, approcher le jour et sentant la non possibilité de faire lever les troupes destinées à attaquer de face, apprenant d’autre part que l’attaque conduite sur la gauche était moins avancée qu’il ne le supposait et enfin craignant un mouvement de retraite de jour sous le regard de l’artillerie allemande toujours aux aguets, le colonel décide vers 5 heures de rompre le combat sous la protection des troupes placées dans les tranchées.

Cette attaque ayant échoué, le 119e RI se replie sur de nouvelle position :
-1er bataillon : Nord de la ferme du Luxembourg sur la RN 44, du carrefour de la route de Cauroy à la ferme du Luxembourg exclue – 1re compagne en arrière, tranchée Nord du moulin de Cauroy.
-3e bataillon : en profondeur autour de la ferme du Luxembourg, une compagnie à la mare entre la ferme du Luxembourg et le moulin de Cauroy.
-2e bataillon : dans ces tranchées du bois carré (ces anciennes tranchées qu’il n’avait pas quittées)

Les cinq compagnies du  5e RI retournent, quand à elles, dans leurs cantonnements d’Hermonville entre 8 heures et 11h30 du matin.

À 11 heures, le général de division donne l’ordre à l’AD6 et à la batterie de 120L de bombarder les bois. La batterie de 155L et celle de 220 de Saint-Thierry reçoivent les mêmes objectifs.
À 18 heures, le 24e RI reçoit l’ordre de pousser deux compagnies au sud de l’écluse du Godat entre le canal et la route, face à l’est prête à soutenir le 119e RI.
À 18h30, l’AD6 ( 4e,7e et 8e batteries du 22e RAC) exécute un tir supplémentaire de 100 obus sur les bois du Luxembourg. Ce tir est recommencé à 20h30 et 21 heures.
À 23h30, les patrouilles effectuées par le 119e RI signalent l’occupation des bois du Luxembourg que les Allemands organisent.

Ces combats auront couté, au 119e RI,465 hommes dont (sous-lieutenant Burger tué, lieutenant Roussel et le sous-lieutenant Françoise blessés, Lieutenants Bonjean et Laroche ainsi que l’aspirant Masson-Forestier disparus ) ainsi que 240 hommes au 5e RI (deux officiers tués :sous-lieutenant Hebert et Gerbollé) et deux blessés (sous-lieutenants De Grouchy et Quellemmes).

Bonjean Louis

Burger Jean Francois

Masson-Forestier Georges Louis Joseph

Les brancardiers ramèneront 309 blessés dont la moitié sera transporté à l’ambulance 9 située à Pévy. La plupart des blessures seront des blessures par balles.

Le front restera figé sur cette ligne et les premières lignes de tranchées seront bientôt creusées. Le 16 février 1915, le 39e RI appuyé par le 5e et le 148e essayera de reprendre ces bois mais l’attaque se conclura par un sanglant échec.
Les bois seront définitivement repris lors de l’offensive d’avril 1917 par la 41e DI.

Note : Les corps de l'aspirant Masson Forestier, ansi que celui du lieutenant Bonjean seront enterrés par les Allemands et rendus aux familles après la guerre.

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2 décembre 2016

Bienvenue

Bienvenue sur le nouveau blog consacré au 119e RI.

Ce blog est la suite logique des deux précédents site internet auxquels je n'ai plus accès par suite de changement de FAI.

Il reprendra et completera les articles déjà publiés sur les anciennes plateformes.

Le 119e RI était composé de principalement soldats normand et parisien durant la grande guerre. Il a combattu à Charleroi, dans la Marne, l'Artois, Verdun, le Chemin des Dames, le Matz et Sissonne.

Plus de 3500 soldats perdront la vie sous son uniforme.

Ce blog leur rends un modeste hommage

Bonne lecture

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